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Climat, GIEC et intersectionnalité : un cadre d’analyse indispensable

Nom de la liste Climat

Climat, GIEC et intersectionnalité : un cadre d’analyse indispensable

Description Courte Loïc Giaccone

« Je vous rejoindrais bien sur l’urgence climatique, mais pas sur l’intersectionnalité et autres délires ». C’est en ces termes affirmés qu’un internaute répondait en août 2021 à un tweet du compte officiel d’Europe Écologie Les Verts présentant l’une des conclusions du rapport du groupe I du GIEC, qui venait d’être publié
Mots clés anthropocène

Société, nature et biodiversité : regards croisés sur les relations entre les Français et la nature

Nom de la liste Climat

Société, nature et biodiversité : regards croisés sur les relations entre les Français et la nature

Description Courte Qu’est-ce que la notion de nature évoque pour les Français ?
Quelle relation entretiennent-ils avec les milieux naturels, la faune et la flore ?
Quel regard portent-ils sur les aires naturelles protégées ?
Comment appréhendent-ils l’urbanisation des espaces naturels ?
Perçoivent-ils les menaces qui pèsent sur la biodiversité ?
Sont-ils convaincus de l’intérêt d’agir pour protéger la nature ?
Quelles formes d’engagement sont-ils prêts à mettre en œuvre pour mettre un terme à l’érosion de la biodiversité ?
Des différences de perception et/ou de pratique s’observent-elles en fonction du territoire de vie, du milieu social ou de la génération ?
Réunissant quinze articles, cette publication s’attache à répondre à ces différentes questions en mobilisant l’expertise de chercheurs issus de disciplines variées (sociologie, écologie, géographie, philosophie, psychologie, sciences de l’éducation, etc.) mais aussi d’acteurs de terrain.
Mots clés anthropocène

Heritage et fermeture présenté par Alexandre Monnin

Nom de la liste Sciences Humaines

Heritage et fermeture présenté par Alexandre Monnin

Description Courte La redirection écologique, les communs négatifs, s’orienter vers la transition… Tant de questionnements qu’il faut dénouer pour comprendre quelle stratégie adopter afin de faire face aux enjeux écologiques, énergétiques et sociétaux du monde. Alexandre Monnin nous éclaire certains points.
Mots clés anthropocène

Des limites planétaires aux limites du Sud-Loire

Nom de la liste Climat

Des limites planétaires aux limites du Sud-Loire

Description Courte Des limites planétaires aux limites du Sud-Loire. Entretien avec Quentin Dassibat, ingénieur et doctorant à l’Ecole Urbaine de Lyon.

D’où vient le calcul des limites planétaires et comment l’appliquer à l’échelle locale? Quentin Dassibat, doctorant à l’Ecole urbaine de Lyon, a mené l’enquête sur le territoire du Sud-Loire. Ce travail a été réalisé pour son mémoire de recherche de fin de cycle d’ingénieur à l’Ecole des Mines de Saint-Etienne, et financé par Epures, l’agence d’urbanisme de la région stéphanoise.
Mots clés anthropocène

Faire face à l’anthropocène : les voies du droit

Nom de la liste Climat

Faire face à l’anthropocène : les voies du droit

Description Courte Isabelle Michallet : Faire face à l’anthropocène : les voies du droit - Cours public 2021
6 vidéos.

La proposition faite pour ce cours est d’explorer les voies par lesquelles le droit peut aujourd’hui répondre à l’urgence écologique. Si au siècle dernier, les règles juridiques, fondamentalement anthropocentrées, ont souvent traduit une logique généralisée de prédation et de destruction, l’enjeu désormais pour le droit est d’intégrer la fin de ce modèle. L’instrument juridique n’est pas seulement construit par des instances dominées par le politique, il est aussi l’expression de choix sociétaux et citoyens, et doit être utilisé pour répondre aux défis de l’anthropocène. Afin de mettre en évidence les potentialités, il faut oser questionner certains postulats et s’engager dans une réflexion prospective, nourrie des apports d’autres disciplines et cultures juridiques. Chaque session de ce cours s’appuiera sur une proposition, comme autant de voies devant être tracées.
Mots clés anthropocène

Repenser l’évolution, la Terre et la science. Entretien avec Tim Ingold.

Nom de la liste Sciences Vie et Terre

Repenser l’évolution, la Terre et la science. Entretien avec Tim Ingold.

Description Courte

Repenser l’évolution, la Terre et la science. Entretien avec Tim Ingold.

Du 24 au 28 janvier 2023, l’Ecole urbaine de Lyon — Université de Lyon et ses partenaires proposent la 5ème édition de l’événement “A l’Ecole de l’Anthropocène” accueillie, pour la seconde année, au Rize à Villeurbanne. L’exploration de la question anthropocène, pour tous les publics, se poursuit à travers une diversité féconde de formats et d’acteurs. L’anthropologue Tim Ingold sera l’invité d’honneur de cette édition placée sous le signe de la fragilité, du soin et de la relationnalité.


Tim Ingold, invité d’honneur.

Tim Ingold est professeur émérite d’anthropologie sociale à l’Université d’Aberdeen. Il a travaillé sur le terrain auprès des Samis et des Finlandais en Laponie. Il a notamment écrit sur l’environnement, la technologie et l’organisation sociale dans le Nord circumpolaire mais aussi sur les animaux dans la société humaine, ainsi que sur l’écologie humaine et la théorie de l’évolution. Ses travaux les plus récents portent sur la perception de l’environnement et la pratique qualifiée. Tim Ingold s’intéresse actuellement à l’interface entre l’anthropologie, l’archéologie, l’art et l’architecture.

Ses derniers ouvrages sont : Une brève histoire des lignes (Zones sensibles, 2013), Être au monde. Quelle expérience commune ? (PUL, 2014) avec Philippe Descola et Michel Lussault, Marcher avec les dragons (Points, 2018), Machiavel chez les babouins — Pour une anthropologie au-delà de l’humain (Asinamali, 2021). Tim Ingold est membre de la British Academy et de la Royal Society of Edinburgh. En 2022, il a été nommé dans le comité de bassin d’emploi (CBE) pour des prestations de service à l’anthropologie.
Tim Ingold

Entretien

RENOUVELER LA THEORIE DE L’EVOLUTION

Alexandre Rigal — Ma première question vise à mieux vous connaître. Dans vos ouvrages, vous croisez le fer avec le néo-darwinisme*. Est-ce parce qu’avant de devenir anthropologue, vous avez étudié la biologie? Pourquoi être passé des sciences naturelles aux sciences sociales?

Tim Ingold — Pourquoi est-ce que j’ai changé? En Grande-Bretagne, comme vous le savez sans doute, à l’école, nous devons faire très tôt le choix de notre spécialité pour le baccalauréat (advanced level exam). C’est une décision que j’ai prise à 14 ans. Et il était évident pour moi de faire des sciences. J’étais bien trop jeune pour y avoir réfléchi sérieusement. J’étais bon en mathématiques et donc pour le baccalauréat, j’ai fait des maths, de la physique et de la chimie, des maths et encore des maths! Quand j’ai passé mon bac, j’avais seulement 16 ans, et donc j’ai poursuivi en sciences lorsque je suis allé à l’Université de Cambridge. J’ai étudié la physique, les mathématiques pour physiciens et je devais choisir deux cours : j’ai pris un cours sur “l’état cristallin”, un cours de chimie en quelque sorte, et un sur la “biologie cellulaire” qui avait l’air intéressant. Cela a duré seulement un an. C’était en 1966 ou 1967. L’enseignement était une vraie plaie! L’enseignant se tenait debout, face au tableau noir et écrivait ce qu’on devait copier entièrement. Il n’y avait pas d’esprit critique. Tout était fait pour vous donner le sentiment d’appartenir à la machine de la “big science” [mégascience] gérée par des célébrités dans leur domaine.

C’était aussi l’époque qui allait amener à la guerre du Vietnam. Les discussions à propos de la responsabilité scientifique étaient nombreuses. Et j’ai commencé à ressentir que la séparation entre science et humanités était une vraie tragédie pour la civilisation occidentale. J’avais seulement 19 ans, mais j’ai senti que c’était une erreur totale. Cette machinerie scientifique, connectée au commerce international, à l’industrie de la défense et aux militaires, avait abandonnée tout sens de la responsabilité démocratique. Je cherchais un sujet qui pourrait rapprocher la science des humanités, mais aussi qui soit plus proche de la réalité des expériences sociales. J’ai donc cherché parmi toutes les possibilités à Cambridge et il y avait deux options : la première était l’histoire et la philosophie des sciences, la deuxième était l’anthropologie. Il se trouve que mon père connaissait une anthropologue, Jean La Fontaine, qui travaillait alors à la London School of Economics [LSE]. Elle m’a dit : « lis ce livre », Political Leadership Among Swat Pathans de Frederik Barth — un classique de l’anthropologie sociale. Je l’ai lu et j’ai été fasciné. J’ai donc décidé de faire de l’anthropologie.
Pour une anthropologie politique de l’énergie
Par Nathalie Ortar, Directrice de recherche, ENTPE-Laboratoire Aménagement Economie Transports (UMR 5593)

medium.com

Avec cette réorientation vous auriez pu devenir un anthropologue tout à fait classique, sans vous soucier des sciences naturelles: pourquoi avoir gardé un intérêt notamment pour le darwinisme?

J’avais l’impression que pour être crédible, l’anthropologie sociale devait être compatible avec ce que la biologie avait à dire des êtres humains. Nous ne pouvons pas avoir deux disciplines qui énoncent des faits totalement différents alors qu’ils traitent du même sujet: les humains. Je crois que je ne m’y suis pas intéressé lorsque j’étais étudiant, puis doctorant engagé sur un terrain en Laponie, où je gardais un troupeau de rennes.

Et puis j’ai été recruté pour la première fois en tant qu’enseignant en anthropologie sociale, à l’Université de Manchester en 1974. Je donnais alors un cours qui s’appelait “Environnement et technologie” et qui traitait d’anthropologie environnementale, un champ d’études complètement vierge en Grande-Bretagne à l’époque. La personne que je remplaçais avait débuté un cours sur le sujet et il fallait donc que je prenne la suite. C’est ainsi que je suis très rapidement devenu anthropologue de l’environnement. Je considérais que pour enseigner l’écologie, la théorie de l’évolution était nécessaire. C’est pourquoi j’ai commencé à m’enquérir de la manière dont on pouvait intégrer la biologie et l’anthropologie sociale. A cette époque, j’étais un darwinien convaincu. Je pensais que la biologie de l’évolution était parvenue à une théorie complète sur les êtres humains et leur évolution. Notre tâche était de trouver une manière de la rendre compatible avec l’anthropologie sociale, et ce sans réductionnisme: sans réduire les êtres humains à de simples organismes.

Je partais ainsi avec deux informations sur la constitution des êtres humains: ils doivent être à la fois des organismes qui ont évolués et qui sont pris dans un réseau de relations environnementales, mais ils doivent aussi être une personne. Jusqu’en 1988, j’ai essayé de voir comment comprendre l’articulation entre ces deux aspects. Mais c’est devenu de plus en plus difficile parce que maintenir cette vision dualiste de l’être humain — organisme d’une part, personne d’autre part — , n’avait aucun sens. Toute ma réflexion s’est effondrée. Et j’ai dû tout recommencer en réalisant que la seule manière de le faire était de recourir à une autre biologie.


Comment vous êtes-vous rendu compte de cet échec?

Vers 1986–87 et jusqu’en 1992, je suis passé par un épisode de dépression sans m’en rendre compte à l’époque. C’était une affaire personnelle, pas vraiment sérieuse, qui n’empêche pas de se lever du lit le matin, mais des symptômes d’anxiété typiques de la dépression. Cet effondrement de ce que je croyais être ma boussole intellectuelle est arrivé au même moment. Tout est arrivé en même temps. Je pense parfois que j’ai écrit mes textes les plus créatifs durant cette période. Il est fréquent de produire un travail éblouissant quand on est déprimé !! Mais c’était difficile à l’époque et j’avais l’impression qu’on tirait un tapis sous mes pieds. J’ai donc dû reconstruire des fondements totalement différents. C’est en partie ce que j’ai écrit dans mon livre Evolution and Social Life, publié en 1996. C’était ma tentative d’intégrer l’anthropologie sociale et la biologie de l’évolution. J’ai pensé que je pouvais articuler les deux et que ça allait être compatible.

Mais au milieu de l’écriture de ce livre, en 1992 ou 1993, j’ai pris par erreur un livre à la bibliothèque de l’Université de Manchester : L’évolution créatrice, d’Henri Bergson. J’avais entendu parler de Bergson mais je n’avais rien lu de lui. J’ai été ébloui. Je pense que Bergson a été ce qui m’est arrivé de plus important. J’ai compris que je devais reconstruire mon livre Evolution and Social Life alors que j’étais à mi-parcours, qu’il existait une manière complètement différente de faire. J’avais commencé ce livre en pensant qu’il était sur l’anthropologie et l’écologie darwinienne; et je l’ai fini tout à fait ailleurs. Ce fut donc un échec complet. Mon intention était de résoudre ces problèmes. C’était très excitant si on y pense rétrospectivement, mais c’était assez terrifiant à l’époque.

D’où vous vient ce désir de résoudre de grands problèmes? Parce que cela peut aussi créer de l’anxiété de discuter avec des grands noms, comme Darwin en particulier.

Bien sûr que j’étais anxieux, j’ai dû m’endurcir. Presque personne n’a lu Evolution and social life et les recensions de l’ouvrage étaient vraiment rudes, hostiles, méprisantes. Elles m’expliquaient que j’avais tout compris de travers à la théorie de l’évolution et elles venaient souvent de personnes avec des positions très arrêtées. C’est vraiment dur de ferrailler contre le néo-darwinisme. Il y a cette idée que les sciences sociales sont molles, perdues dans une masse de non-sens et qu’elles ont besoin des [vrai] sciences pour être remises en ordre. On part du principe que vous ne savez pas de quoi vous parlez, que vous ne comprenez pas parce que vous êtes un scientifique du social. Cela rend vraiment furieux, parce que s’il y a jamais eu un champ scientifique conservateur, c’est la biologie de l’évolution. C’est incroyablement conservateur et hiérarchique ! Donc c’était vraiment difficile. Mais j’avais tout ce travail à reprendre.

CE QUE SIGNIFIE ETRE HUMAIN

Dans cette reconstruction de la théorie de l’évolution dans une perspective anthropologique, vous avez proposé de nouvelles notions: “faiseurs” [doers] et “devenants humains” [human becomings]. Pouvez-vous expliquer ces termes et votre démarche?

La vraie faiblesse de la biologie de l’évolution néo-darwinienne, c’est qu’elle est incapable de donner une compte-rendu adéquat de l’ontogénie humaine, i.e., de la croissance et du cycle de la vie. Dans la biologie de l’évolution, il y a cette hypothèse assez fondamentale que l’organisme, humain ou non-humain, est équipé dès le départ d’une vie déjà dessinée: un génotype duquel découle le reste de la vie, qui n’est que l’expression des choses données dès le début. Ainsi, il semble impossible que l’organisme soit capable de construire sa propre vie, de se construire lui-même.

Ce que je faisais sans vraiment le réaliser à l’époque, c’était remplacer une philosophie de la substance par une philosophie du processus. J’ai lu Bergson, ensuite Whitehead, c’était dans les années 1990 et ils étaient encore impopulaires, en Grande-Bretagne en tout cas et dans le monde anglophone. J’ai commencé à saisir cette idée que les organismes se créent eux-mêmes chemin faisant. Et ce faisant, les organismes se créent les uns les autres, ce que nous appelons vie sociale pour les organismes humains, la manière dont les gens s’associent. Je voulais ré-écrire l’histoire de l’évolution en ce sens. Et cela signifiait passer de l’être [de la substance] au devenir [au processus], tout simplement, avec cette pensée processuelle suivie par des gens comme Bergson et Whitehead et qui était complètement à l’opposé de la soi-disant théorie de la population de la biologie darwinienne, qui présume que l’organisme est un individu figé dans sa nature.

Mais je ne suis parvenu à cette expression, « devenant humain » [human becoming], que bien plus tard, avec mon collègue Gísli Pálsson, qui était mon premier doctorant. Nous organisions une session lors d’une conférence, je ne me souviens plus en quelle année, sans doute autour de 2010, qui tentait d’intégrer l’anthropologie sociale et la biologie. En essayant d’expliquer où était la tension entre les deux disciplines, j’en suis venu à l’idée de devenants humains.
Ramon Llull

Plus tard, j’en suis venu à dire qu’on devait considérer « humain » comme un verbe. Au lieu de parler d’être humain, je parle d’« humaniser » [to human], de rendre humain. Lors d’une conversation avec des amis philosophes, j’ai découvert avec une grande excitation, que l’idée d’être humain comme animal humanisant a été proposée au XIIIe siècle par le mystique Ramon Llull. Ainsi, cette idée remontait à la pensée médiévale. Llull définissait l’humain en tant qu’animal humanisant : selon lui, on ne peut parler de l’humain qu’en fonction de ce qu’il fait. Et ce qu’il fait, c’est se fabriquer lui-même continuellement. C’était le XIIIe siècle !

Un autre mot-clé dans vos travaux est celui d’apprentissage, c’est-à-dire, ce qui n’est pas codé dans les gènes ni dans l’organisme. Nous apprenons constamment et vous avez écrit à ce sujet.

Un de mes articles vient de sortir dans la revue Current Anthropology, intitulé “Evolution without inheritance, steps to an ecology of learning”. Dans ce texte, j’ai essayé de trouver un chemin pour penser l’évolution des espèces en me passant du concept d’héritage. C’est pourquoi j’utilise l’expression “evolution without inheritance” [évolution sans héritage], parce que je pense que cette notion d’héritage est le dernier obstacle d’une réforme du néo-darwinisme et plus généralement de la biologie de l‘évolution. La notion d’héritage suppose l’idée qu’il existe des gènes ou des modèles de culture, quelque chose de transmis d’une génération à une autre, qui s’exprime ensuite au cours de la vie. Ainsi, en biologie, cela marque la différence entre la phylogénie

  • Selon le CNRTL, l’ontogénie est cet “Ensemble des processus qui, chez un organisme animal ou végétal, conduisent de la cellule oeuf à l’adulte reproducteur`` (L’Hér. Génét. 1978). Selon Wikipedia, la phylogénie est l’étude des liens de parenté entre les êtres vivants et ceux qui ont disparu.

Du 24 au 28 janvier 2023, l’Ecole urbaine de Lyon — Université de Lyon et ses partenaires proposent la 5ème édition de l’événement “A l’Ecole de l’Anthropocène” accueillie, pour la seconde année, au Rize à Villeurbanne. L’exploration de la question anthropocène, pour tous les publics, se poursuit à travers une diversité féconde de formats et d’acteurs. L’anthropologue Tim Ingold sera l’invité d’honneur de cette édition placée sous le signe de la fragilité, du soin et de la relationnalité.

Trajectories of the Earth System in the Anthropocene

Nom de la liste Climat

Trajectories of the Earth System in the Anthropocene

Description Courte We explore the risk that self-reinforcing feedbacks could push the Earth System toward a planetary threshold that, if crossed, could prevent stabilization of the climate at intermediate temperature rises and cause continued warming on a “Hothouse Earth” pathway even as human emissions are reduced. Crossing the threshold would lead to a much higher global average temperature than any interglacial in the past 1.2 million years and to sea levels significantly higher than at any time in the Holocene. We examine the evidence that such a threshold might exist and where it might be. If the threshold is crossed, the resulting trajectory would likely cause serious disruptions to ecosystems, society, and economies. Collective human action is required to steer the Earth System away from a potential threshold and stabilize it in a habitable interglacial-like state. Such action entails stewardship of the entire Earth System—biosphere, climate, and societies—and could include decarbonization of the global economy, enhancement of biosphere carbon sinks, behavioral changes, technological innovations, new governance arrangements, and transformed social values.


Mots clés anthropocène

It’s time to move beyond “carbon tunnel vision”

Nom de la liste Climat

It’s time to move beyond “carbon tunnel vision”

Description Courte As we decarbonize our energy system, we must address not only carbon emissions, but also the harmful public health and environmental impacts of oil and gas extraction.
Mots clés anthropocène

Taxonomies pour la structuration des modèles d'analyse des systèmes Monde-Terre de l'Anthropocène : sous-systèmes, leurs interactions et boucles de rétroaction socio-écologiques

Nom de la liste Transition des Territoires

Taxonomies pour la structuration des modèles d'analyse des systèmes Monde-Terre de l'Anthropocène : sous-systèmes, leurs interactions et boucles de rétroaction socio-écologiques

Description Courte In the Anthropocene, the social dynamics of human societies have become critical to understanding planetary-scale Earth system dynamics. The conceptual foundations of Earth system modelling have externalised social processes in ways that now hinder progress in understanding Earth resilience and informing governance of global environmental change. New approaches to global modelling of the human World are needed to address these challenges. The current modelling landscape is highly diverse and heterogeneous, ranging from purely biophysical Earth system models, to hybrid macro-economic integrated assessments models, to a plethora of models of socio-cultural dynamics. World–Earth models capable of simulating complex and entangled human–Earth system processes of the Anthropocene are currently not available. They will need to draw on and selectively integrate elements from the diverse range of fields and approaches; thus, future World–Earth modellers require a structured approach to identify, classify, select, combine and critique model components from multiple modelling traditions. Here, we develop taxonomies for ordering the multitude of societal and biophysical subsystems and their interactions. We suggest three taxa for modelled subsystems: (i) biophysical, where dynamics is usually represented by “natural laws” of physics, chemistry or ecology (i.e. the usual components of Earth system models); (ii) socio-cultural, dominated by processes of human behaviour, decision-making and collective social dynamics (e.g. politics, institutions, social networks and even science itself); and (iii) socio-metabolic, dealing with the material interactions of social and biophysical subsystems (e.g. human bodies, natural resources and agriculture). We show how higher-order taxonomies can be derived for classifying and describing the interactions between two or more subsystems. This then allows us to highlight the kinds of social–ecological feedback loops where new modelling efforts need to be directed. As an example, we apply the taxonomy to a stylised World–Earth system model that endogenises the socially transmitted choice of discount rates in a greenhouse gas emissions game to illustrate the effects of social–ecological feedback loops that are usually not considered in current modelling efforts. The proposed taxonomy can contribute to guiding the design and operational development of more comprehensive World–Earth models for understanding Earth resilience and charting sustainability transitions within planetary boundaries and other future trajectories in the Anthropocene.

How to cite.

Donges, J. F., Lucht, W., Cornell, S. E., Heitzig, J., Barfuss, W., Lade, S. J., and Schlüter, M.: Taxonomies for structuring models for World–Earth systems analysis of the Anthropocene: subsystems, their interactions and social–ecological feedback loops, Earth Syst. Dynam., 12, 1115–1137, https://doi.org/10.5194/esd-12-1115-2021, 2021.

Received: 26 Apr 2018 – Discussion started: 26 Apr 2018 – Revised: 18 Feb 2021 – Accepted: 30 Mar 2021 – Published: 12 Nov 2021

Axe écosystèmes-centré

Nom de la liste Transition des Territoires

Axe écosystèmes-centré

Description Courte Les comptabilités écosystème-centrées développées et expérimentées au sein de la Chaire Comptabilité écologique sont des outils de gestion inter-organisationnels au service de systèmes écologiques, au sens large (rivières, zones humides, bassins versants, populations animales). Ce niveau de comptabilité fait le lien entre les comptabilités des organisations et les comptabilités nationales et offre des méthodes et moyens d’organisation et d’action aux acteurs d’un même territoire, pour assurer collectivement la préservation d’un écosystème donné.

Voici une liste non exhaustive de références sur les thématiques de recherches de comptabilité écosystème-centré :

C. Feger, L. Mermet. Innovations comptables pour la biodiversité et les écosystèmes : une typologie axée sur l’exigence de résultat environnemental. Comptabilité - Contrôle - Audit (revue de l’Association Francophone de Comptabilité). Accessible à :
https://www.cairn.info/revue-comptabilite-controle-audit-2021-1-page-13.html
Version auteur du manuscrit : https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-02549016
Cuckston T. (2017). Ecology-centred accounting for biodiversity in the production of a blanket bog. Accounting, Auditing & Accountability Journal 30 (7) : 1537‐ 1567.
Cuckston T. (2018). Making Accounting for Biodiversity Research a Force for Conservation. Social and Environmental Accountability Journal 38 (3) : 218‐ 226.
Dey C. et Russell S. (2014). Who speaks for the river ? Exploring biodiversity accounting using an arena approach. In Accounting for biodiversity (Ed, M. J. Jones). Oxon : Routledge, 245–266.
Feger C. et al. (2018). Four priorities for new links between conservation science and accounting research. Conservation Biology. Accessible à : https://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1111/cobi.13254
Feger C. (2016). Nouvelles comptabilités au service des écosystèmes. Une recherche engagée auprès d’une entreprise du secteur de l’environnement. Doctorat en sciences de gestion. Paris : AgroParisTech. Accessible à : https://pastel.archives-ouvertes.fr/tel-01563379/document
Feger C. et Mermet L. (2017). A blueprint towards accounting for the management of ecosystems. Accounting, Auditing & Accountability Journal 30 (7) : 1511‐ 1536. Accessible à : https://www.emerald.com/insight/content/doi/10.1108/AAAJ-12-2015-2360/full/html
Feger C. et Mermet L. (2018). Negotiating new commitments for the ecological transitions : An introduction to an Accounting for the management of ecosystems model. In 12th Interdisciplinary Perspectives on Accounting Conference, Edimbourg.
Résumé : https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-02549016
Raar, Jean. 2014. “Biodiversity and Regional Authorities : A Common-Pool Resources and Accounting Perspective.” In Accounting for Biodiversity, edited by M.J Jones, 103–123. Oxon : Routledge.
Tregidga H. (2013). Biodiversity offsetting : problematisation of an emerging governance regime. Accounting, Auditing & Accountability Journal 26 (5) : 806–832.

Et quelques vidéos :

Séminaire « New accounting for the management of ecosystems » organisé par C. Feger, B. Vira, L. Mermet à Cambridge, UK, Septembre 2017 :
Résumé de l’événement : http://www.crassh.cam.ac.uk/events/27294
Présentation introductive portant sur le chantier théorique inter-disciplinaire des comptabilités de gestion écosystème-centrées (C.Feger & L.Mermet) : https://youtu.be/s44NmItVHGU
L. Mermet, C. Feger. Février 2019. « Approches écosystème-centrées : Vous étudiez des organisations qui n’existent pas !?!? » : https://www.youtube.com/watch?v=wsMAialq5P8
C. Feger, A. Rambaud. Juin 2019. « Quels apports de la comptabilité pour articuler la gestion écologique de l’entreprise à la prise en charge collective des écosystèmes ? » (discussion croisée organisé à Montpellier Recherches en Management – Université de Montpellier en juin 2019) : https://www.youtube.com/watch?v=QYoRMk2Z7uU
C. Feger. 2018 : « Mobiliser la comptabilité pour relever les défis de gestion collective des écosystèmes » (vidéo/podcast AgroParisTech) : http://www2.agroparistech.fr/podcast/Mobiliser-la-comptabilite-pour-relever-les-defis-de-gestion-collective-des.html
Mots clés anthropocène

Après la croissance Déclin urbain et modèles alternatifs

Nom de la liste Sciences Humaines

Après la croissance Déclin urbain et modèles alternatifs

Description Courte
  • Souvent dépeintes comme le terreau du populisme, les villes en déclin sont également des espaces d'expérimentation d'alternatives au néolibéralisme. Dans ces villes, les politiques de développement renouvellent l'action publique en rompant avec le dogme de la croissance.
Mots clés anthropocène

Le Rapport Meadows ou les limites des Limites de la croissance

Nom de la liste Climat

Le Rapport Meadows ou les limites des Limites de la croissance

Description Courte Par Arnaud Milanese
Philosophe

La publication du rapport Meadows en 1972 fait aujourd’hui figure de jalon dans l’histoire de la prise de conscience écologique. Victoire à la Pyrrhus, le document commandé par le Club de Rome apparaît pourtant comme un simple pot-pourri des éléments les plus consensuels de l’écologie de l’époque, réorientée vers une « écologie scientifique » à visée néo-impérialiste, et signe une défaite de l’écologie politique, celle de Bookchin et d’André Gorz. Rediffusion du 24 janvier 2023.

Le Rapport Meadows ou les limites des Limites de la croissance

Par Arnaud Milanese
Philosophe

La publication du rapport Meadows en 1972 fait aujourd’hui figure de jalon dans l’histoire de la prise de conscience écologique. Victoire à la Pyrrhus, le document commandé par le Club de Rome apparaît pourtant comme un simple pot-pourri des éléments les plus consensuels de l’écologie de l’époque, réorientée vers une « écologie scientifique » à visée néo-impérialiste, et signe une défaite de l’écologie politique, celle de Bookchin et d’André Gorz. Rediffusion du 24 janvier 2023

Le rapport Meadows (Les limites de la croissance) a fêté cet automne ses 50 ans. Avec le temps, il s’est imposé comme le rapport de référence, amorçant une prise de conscience écologique à l’échelle mondiale[1]. Autour de lui, s’est construit un récit standard des 50 dernières années : à trente ans à peine, l’ingénieur du MIT, Dennis Meadows, entouré de Dana Meadows, Jorgen Randers et William Behrens, établit le lien entre le développement des activités économiques du monde industriel et une crise écologique dont nous ne pouvions alors qu’envisager les prémisses – la croissance, selon le titre du rapport, atteignait ses limites naturelles dans un monde fini.
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Longtemps, toujours selon ce récit, ces « visionnaires » ont prêché dans le désert, eux et ceux qui portaient dans l’espace public les constats établis dans ce rapport. Le climato-scepticisme avait la peau dure, les pouvoirs publics, l’industrie et une bonne partie des intellectuels (que l’on pense en France au brûlot commis par Luc Ferry en 1992, par exemple[2]) restaient sourds, et l’opinion publique, timide.

Mais, peu à peu, des mouvements écologistes se sont structurés en partis politiques. L’ONU crée la Commission Mondiale sur l’Environnement et le Développement en 1983, le GIEC est créé en 1988, 1992 est aussi l’année du sommet de Rio, qui popularise la notion de développement durable, issue des travaux de la commission onusienne[3], fixe un cap, et donne naissance à la Conference of Parties (COP), dont la vingt-et-unième a, en 2015, produit le fameux « Accord de Paris », fixant, pour la première fois, des objectifs juridiquement contraignants. Dans le même temps, les enjeux écologiques pénétraient, plus ou moins, tous les discours politiques.

Ce récit est devenu une telle évidence que toute critique du rapport Meadows, et surtout des conditions de sa production, est devenue une manière efficace d’être taxé de climato-sceptique. Aussi efficace que de douter du discours « effondriste » ou de l’impact écologique positif de la plupart des mesures techniques mises en œuvre à l’échelle industrielle. Et pourtant. Qui a lu ce rapport ? Qui se souvient de ses commanditaires et du contexte politique précis dans lequel il a été produit ? Le récit standard, dont il sert de point de départ, est-il vraiment le récit des mouvements écologistes dans leur diversité, et surtout dans leur radicalité et leur lucidité ?

Aucun mouvement social ne prend force sans entretenir lui-même sa mémoire. À l’heure où beaucoup déplorent, saluent ou espèrent une nouvelle radicalisation des mouvements écologistes, où beaucoup inscrivent ce tournant dans leur propre vie, au-delà des « gestes », ce papier veut contribuer à une nécessaire réappropriation, par le militantisme écologiste, de sa propre histoire, trop souvent confisquée.
Ce qu’a signifié le rapport Meadows

Le récit que je viens de reconstituer est fortement biaisé, au point qu’il suffit d’en pointer les omissions pour réveiller une saine méfiance. Entre autres témoignages, rappelons comment un écologiste français convaincu a pu accueillir le rapport à l’époque : « La première réaction, chez beaucoup d’entre nous (les écologistes), était jubilante : enfin, le capitalisme avouait ses crimes » (André Gorz[4]). « Enfin », parce que ces « crimes » étaient largement connus, et la conscience écologique n’a absolument pas attendu le rapport Meadows. Les quatre auteurs du rapport de 1972 étaient-ils des « visionnaires », ou les porte-parole d’un « aveu » déjà tardif ?

Tout d’abord, donc, la conscience écologiste a largement précédé le rapport Meadows. Si René Dumont, agronome et premier candidat écologiste à la présidentielle française en 1974, est un converti tardif[5], le botaniste Roger Heim publie, en 1952 déjà, Destruction et protection de la nature, qui eut un réel écho. Bernard Charbonneau (dont le premier article écologiste date de 1937[6]), Ivan Illich[7] et bien d’autres témoignent eux aussi d’une conscience écologique bien antérieure, en France, et qui se développe au cours des années 60-70, croisant critiques de la technologie et de la société de consommation. Mai 68 donna un écho considérable à ce discours. En 1971, la France crée son Ministère de l’environnement.

Aux États-Unis, y compris à l’échelle publique, l’antériorité est plus nette encore. La crainte de la bombe atomique s’élargit, dès les années 50, à une conscience aiguë de l’impact technologique sur la planète. Murray Bookchin et d’autres multiplient les alertes, les interventions et les rapports sur toutes les formes de pollution et de destruction de l’environnement. Et le début des années 60 voit les publications majeures se multiplier : The Waste Makers, en 1960, de l’économiste et sociologue Vance Packard (traduit en français en 1962), Our Synthetic Environment, de Murray Bookchin, en 1962, et surtout, en 1962 toujours, le best-seller de la biologiste Rachel Carson, Silent Spring, tout de suite traduit dans de multiples langues (en français, dès 1963). Les mouvements d’opinion, dont le succès du livre de Carson est le témoin et le catalyseur, conduisent, à partir de luttes qui seront finalement victorieuses pour faire interdire le DDT, à la création aux États-Unis de l’Environmental Defense Fund en 1967 et de l’Agence de protection de l’environnement, en 1970.

À tout cela s’ajoute une résistance précoce d’économistes de tout premier plan : ainsi Arthur C. Pigou, économiste britannique du Welfare, élabore, dès le début des années 50, des modèles économiques de taxation de la pollution, et Karl W. Kapp, économiste allemand, propose, lui aussi au début des années 50, des modèles économiques élaborés pour inclure le coût social et environnemental de la croissance dans son évaluation. Ce ne sont ni des cas isolés ni des économistes de second plan.

Plus globalement, dès le début de la politique de croissance popularisée par le président Truman, notamment en 1949, ce nouveau mantra de l’immédiat après-guerre rencontre des oppositions fortes de toute part, qui culminent notamment avec The Cost of Economic Growth (1967), de Ezra J. Mishan, membre de la très influente London School of Economics – une synthèse de dix années de travail balisant tous les arguments anti-croissance des années qui suivirent et reposant sur une extension de la notion de coût à toutes les conséquences, humaines et environnementales, de l’activité économique.

Plus encore, les débats écologistes sont si intenses que l’on peut déjà distinguer entre (simple) environnementalisme – la prise en compte des atteintes environnementales dans la conduite de l’activité économique et une sensibilité accrue aux impacts sur la nature des activités humaines – et « écologie sociale » (appelée plutôt, en France, « écologie politique ») qui estime que des changements socio-économiques plus radicaux seront nécessaires – mettre fin aux rapports de domination pour mettre fin à l’organisation sociale qui détruit la planète.

Si la notion d’« écologie profonde » (par opposition à une écologie « superficielle ») – attribuer à tout être vivant une égale dignité, impliquant une nouvelle forme d’éthique – n’apparaît, semble-t-il, qu’en 1973 sous la plume d’Arne Naess, elle ressaisit des idées déjà développées dans les années 60. Et de toute part, la question de la décroissance, ou, a minima, de manières alternatives d’évaluer le développement, sont ardemment discutées au sein des différentes formes d’écologisme – bien au-delà du cercle des économistes. La politisation de l’écologie est pleinement active, croisant militantisme intense et travail scientifique engagé.

Le rapport Meadows arrive donc au cours d’une bataille déjà largement engagée, et la question reste entière de savoir ce qu’il y a signifié. Car, second point, le rapport Meadows n’était pas du tout le fait de quelques visionnaires, mais constituait à la fois une reconnaissance et une confiscation.

Pour le comprendre, il faut revenir sur son histoire. Quelques puissants décideurs, dont la fondation Rockfeller, composant le très conservateur Club de Rome, commandent aux ingénieurs du MIT un rapport sur l’impact climatique de l’activité humaine : le rapport Meadows est la réponse à cette commande. Les constats qu’on y trouve documentés sont déjà largement consensuels à l’époque, dans le monde des écologistes. Ses préconisations sont, pour la plupart, déjà défendues par ailleurs, et pour plusieurs assez timides.

Dans tous les cas, le rapport s’en tient à celles qui font le plus consensus alors : inflexion de la croissance à partir de 1975, dans les pays « développés », mais triplement de la production industrielle mondiale pour 1990 (!!!), en réduisant au quart la consommation de ressources minérales. Ce qui impliquait la production de biens plus durables, le recyclage et la réduction des gaspillages (déjà le b.a.-ba des revendications écologistes), mais aussi le développement accéléré de l’économie « immatérielle » – incluant notamment la marchandisation plus poussée des biens et services jusque-là non marchands, pour compenser les « pertes » industrielles. Une relative décrue industrielle au prix d’une croissance exponentielle de la marchandisation. Le tout appuyé sur des chiffres et des modèles dont beaucoup ont été immédiatement critiqués (y compris et surtout par ceux qui en validaient pourtant les constats[8]) et sur une expertise guère supérieure à celle de nombreuses études déjà disponibles[9].

Quel écho de l’ébullition écologiste évoquée plus haut dans le rapport Meadows ? Rien sur le changement d’échelle des unités de production. Rien sur la réorientation technologique vers des procédés plus maîtrisables à échelle humaine. Rien sur les critiques de la société de consommation, occultant structurellement toute réflexion sur la production des marchandises et la réalité des besoins humains. Presque rien sur la redynamisation du monde rural. Donc rien sur ce qui faisait déjà le cœur de la réflexion écologiste la plus avancée. Mais, à la place, une ambiguë promotion de l’économie « immatérielle ».

On connaît la suite : la résistance des industries pétrolières et la « révolution » numérique, qui a montré qu’économie « immatérielle » rimait en réalité avec nouvel extractivisme, toujours plus destructeur, mais « pas chez nous », invisibilisé. Cette suite a contribué rétrospectivement à attribuer au rapport Meadows la radicalité qu’il n’avait pas.

Creusons un peu encore. Notre témoin de 1973 l’avait déjà identifié, et nombre d’écologistes (en seconde réaction, donc) suivent alors ce constat : « Quand le rapport Meadows envisage le triplement de la production industrielle mondiale, tout en recommandant sa non-croissance dans les pays industrialisés, n’est-ce pas à (une) vision néo-impérialiste de l’avenir qu’il se réfère implicitement ?[10] » Laquelle ? Eh bien la localisation des productions polluantes – et pas seulement l’extraction – dans les pays dits, à l’époque, du « Tiers-monde ».

En somme, ce rapport annonçait largement le redéploiement mondial du capitalisme qui allait suivre (même contre une bonne part des intentions de leurs pauvres auteurs), y compris, par exemple, l’explosion de la marchandisation touristique et la bétonisation massive qui l’a accompagnée, sans parler de l’explosion des émissions de CO2 par les transports, puis la démultiplication des extractions polluantes et socialement désastreuses qui ont accompagné l’économie dite « dématérialisée » des années 1980-90. Et ce, même si « Tiers-Monde » renvoie à une réalité reconfigurée : les rapports de domination entre territoires sont aussi restés en partie internes à nombre de pays industriellement développés (que l’on pense à l’extraction du pétrole et du gaz de schiste aux États-Unis, à l’extraction des doublement mal nommées « terres rares » par la Chine, ou même, à plus petite échelle, à la bétonisation des côtes). On reconnaît là parfaitement le néo-impérialisme du Club de Rome et du capitalisme depuis 50 ans au moins.
La contre-histoire d’une première défaite

Que s’est-il passé en 1972 ? Il faut je crois faire un détour par 1992 pour le comprendre, et par l’« appel de Heidelberg » qui entourait le sommet de Rio : ce texte, écrit par Michel Salomon et signé par près de 4 000 scientifiques dont 72 prix Nobel (plusieurs signataires l’ont regretté ensuite…), s’inquiétait alors de « l’émergence d’une idéologie irrationnelle qui s’oppose au progrès scientifique et industriel et nuit au développement économique et social ». On sait aujourd’hui qu’il fut commandité par l’industrie de l’amiante[11].

Il n’était pourtant pas climato-sceptique : il défendait le développement d’une « écologie scientifique », sur le modèle du rapport Meadows et du travail du GIEC d’alors, contre le militantisme et les associations écologistes, plus radicaux dans leurs exigences, et en réalité bien plus « visionnaires » sur les changements sociaux nécessaires. Bref, on est dans le même esprit que le livre de Luc Ferry, qui n’hésitait pas à voir dans le nazisme la source de l’essentiel de cet écologisme « irrationnel » (qu’il réduisait à une lecture caricaturale de l’écologie profonde[12]).

Qu’appelle-t-on ici « écologie scientifique », quand on sait que les courants spiritualistes fumeux n’ont toujours représenté qu’une infime partie d’une littérature écologiste militante qui appuie ses constats, depuis le début, sur des enquêtes et des travaux scientifiques, et compte, parmi ses auteurs, des scientifiques ou des ingénieurs patentés ? Eh bien, précisément la configuration qu’illustre, parmi bien d’autres depuis, le rapport Meadows : quelques dizaines des plus grands décideurs du monde contemporain commandent un rapport et évaluent la manière de tenir compte, au nom du reste de la planète, de ses recommandations.

En somme, précisément ce que l’on nomme depuis les années 20, aux États-Unis, une technocratie[13] – quitte à se disputer ensuite, entre puissants, pour savoir si elle doit reposer directement sur l’autorité de quelques experts, comme le préconise un Jean-Marc Jancovici, ou si les leaders actuels conservent leur leadership, en l’éclairant du recours ponctuel à une expertise choisie et dévouée (c’est cette seconde option qui a contribué à la naissance du néolibéralisme[14]). Le résultat en est toujours le même : une réorientation du capitalisme, non remis en cause, associé souvent à un relent réactionnaire que le néo-impérialisme du rapport Meadows illustre bien.

Le statut aujourd’hui consensuel de ce rapport ne serait donc que l’un des symboles, avec l’écrasement policier du contre-sommet de Gênes en 2001, de la défaite du militantisme écologiste plus radical – et en réalité plus réaliste – des années 70, qui voyait dans un sursaut démocratique, décentralisateur et décroissant le nouveau mode de vie, anticapitaliste, qu’appelait la crise écologique – une perspective qui a l’immense avantage de dépeindre la sobriété autrement que sous les couleurs de la privation sous menace (ou de ce que Hans Jonas nommait, en l’appelant de ses vœux, l’« heuristique de la peur[15] ») !

Car, comme le disent la poignée d’ingénieurs-développement et de financiers de Total Energies filmés, en réunion, dans le reportage qu’Arte a consacré à la firme : « nous » ne nions pas la crise écologique, mais son traitement est « notre » affaire. 1972 signe donc le début d’une première bataille culturelle de l’écologie, celle des années 70, une bataille qui a bel et bien été perdue pour qui croit que la crise écologique appelle un bouleversement fondamental de la société, vers bien plus d’horizontalité et de co-constructions.

Autre symbole de cette défaite : lorsque les écologistes parlent d’énergies solaire et éolienne, dans les années 70, ils parlent tous de production low tech, contrôlable, « bricolable », et ainsi démocratique et ajustable aux besoins d’un territoire, ce qui impliquait un redéploiement complet du mode de production et de distribution des énergies ; aujourd’hui, on parle le plus souvent d’innovations techniques, de béton et d’extraction en masse de terres rares, pour produire de véritables centrales ajustées aux réseaux énergétiques tels que l’industrie et les États les ont créés. Que des « écologistes » en viennent même, parfois, à défendre le nucléaire n’est que la cerise sur le gâteau – ou le dernier tour de verrou du There Is No Alternative.

Le statut du rapport Meadows, 50 ans après, serait bien, de ce point de vue, le monument d’une défaite. Le récit standard dont nous sommes partis est en réalité celui d’une institutionnalisation plus qu’ambivalente des mouvements écologistes, sous une forme visant à les rendre indolores pour l’ordre social responsable de la prédation que ces mouvements ont su penser et combattre. Il acte l’occultation de ce que pouvait avoir de révolutionnaire le mouvement écologiste.

À tout cela, les tenants de ce récit standard ont une réponse bien rodée : l’enjeu et les forces en présence sont tels qu’il faut bien des compromis pour gérer les urgences, gagner du temps sur la dégradation environnementale, accepter des priorités – le climat par rapport à la biodiversité, par exemple, voire le climat plutôt que la justice sociale.

Ce discours est bien rodé parce que le piège s’est refermé – nous sommes tous lost in transition. Parce que la stratégie du consensus large, mainte fois formulée, jusque dans la récente collapsologie, est un échec prévu par nombre d’écologistes depuis le début. Dépolitiser, dé-cliver le discours écologique parce que nous avons besoin d’un tel consensus pour être efficaces, et gagner ce qu’on peut gagner, c’est oublier que, si les limites de l’environnement sont un fait, ce que ce fait signifie pour nous, en pratique et collectivement, peut prendre des formes extrêmement différentes, voire franchement opposées – tenant compte plus ou moins, et pour des raisons très variables, de ces limites.

Chercher le consensus a minima avec un mode d’organisation sociale tournant autour des investissements privés et des retours sur investissements privés (les « opportunités de profit »), dont la spécialité est précisément de toujours savoir « gagner du temps » (Wolfgang Streeck[16]), il fallait bien être aveugle – ou sidéré par la peur – pour trouver cela réaliste ou pragmatique. Car ce que beaucoup n’osent même plus appeler capitalisme (de peur sans doute de « cliver ») implique une incapacité foncière à traiter la crise écologique. Il n’est certes pas court-termiste, comme on le dit parfois ; il prévoit loin, pour dégager à court-terme des opportunités de profit. Loin, mais jamais plus loin qu’une génération (« À long terme, nous serons tous morts », disait souvent Keynes[17]).

En revanche, il a rendu les démocraties court-termistes en dépolitisant les gens et en la soumettant ainsi au seul rythme des mandats électoraux, et au service d’une société de consommation qui a tout retraduit dans son langage, y compris la domination et l’injustice sociale – jusqu’à les rendre sacrifiables au nom de l’urgence écologique. Alors que la domination et l’injustice sociale sont bel et bien le moteur réel de la destruction de l’environnement !

« Qu’importe les raisons, les arrière-pensées et les concessions si on gagne quelque chose ! », répondra-t-on. Et bien si, cela importe, si les gains sont perçus en monnaie de singe (n’y voir aucun animalisme). Il faut savoir se contenter de gains graduels, mais il y a des effets de seuil dans la graduation qui renversent aisément ces gains en pure et simple perte. La loi européenne contre la déforestation importée, votée en 2022, en est une bonne illustration. Les raisons comptent lorsqu’on cherche à se prémunir des conséquences, et que l’on « négocie » avec plus fort que soi.

Prenons l’exemple du consensus écologique le plus solide : le climat et la pollution atmosphérique. Que dire si les puissances qui y étaient rétives y viennent parce qu’on a là affaire à des dommages écologiques non confinables ? Et oui, parce que c’est le problème avec l’air, il circule partout : en revanche, la biodiversité, la pollution des terres, et même des eaux, là, c’est « gérable ». On peut fragmenter les espaces, et payer des experts pour le faire intelligemment. On peut construire un développement différencié des territoires sur cette base – en clair, sacrifier les uns pour « sauver » les autres, parce que « notre mode de vie n’est pas négociable ». Un « même bateau », comme on dit, qui devient vite le canot de sauvetage de quelques privilégiés.

Et puis il y a des profits à faire – sur subvention publique, cela va sans dire – avec les techniques monstrueuses de production d’énergie « propre » et de retraitement du carbone atmosphérique. On peut même décroitre, si vous voulez, tant que les marges de profits demeurent. Tant qu’on est « réaliste », qu’on reste dans une « écologie scientifique », une écologie ajustée aux rapports sociaux de domination à toutes les échelles qui structurent aujourd’hui nos vies. Et c’est bien le problème d’un tel système : tout risque, qu’il s’agisse de nucléaire ou de dégradations écologiques, est traité comme un risque encouru par un investissement. Un jeu d’avantages et d’inconvénients compensables. Rien de plus. Et l’enseignement des historiens est clair : il en était déjà ainsi au XIXe siècle, et c’est en pleine conscience que les industriels et leur appareil technoscientifique ont « couru le risque » de dévaster l’espace où ils se sont déployés[18].

Que faire de tout ceci ? De quoi le statut du rapport Meadows (loin d’être le premier, loin de marquer les débuts du militantisme, et même de l’expertise, écologiste) est-il en réalité le signe ? Cinquante ans après, la « conscience » écologique est, malgré tous les obstacles, plus diffuse, elle imprègne les affects, et parfois les modes de vie, de beaucoup de gens, notamment les plus jeunes. Mais « écologie politique » ne veut plus dire grand-chose.

La pensée politique écologiste naissante a été laminée par les forces de l’ordre intellectuelles et physiques, au profit de ce qu’Antoine Dubiau a très justement appelé une « alphabétisation écologique de la société[19] » : un drôle de mélange entre diffusion d’éléments de langage, analyses pseudo-scientifiques que plus grand-chose ne distingue publiquement de véritables expertises, comportements privés servant de signes extérieurs de cette conscience, et ajustements des politiques publiques en vue de traiter – et encore, à l’échelle d’une génération – les conséquences écologiques « ingérables » et « capitalisables ».

Et pendant ce temps, réactionnaires et néofascistes de toutes les Nouvelles Droites extrémistes préparent intellectuellement, avec un sérieux bien plus grand, une version monstrueuse de la société écologiste[20]. Dans la fabrique du récit standard, réduire les débuts de la conscience écologique au rapport Meadows a servi une stratégie d’amnésie à l’encontre des apports plus radicaux du mouvement écologiste.

L’ensauvagement de la société par l’écologie telle qu’espérée dans les années 70 n’a pas eu lieu, pas plus que la co-construction et la diffusion des savoirs collectifs qu’un tel bouleversement aurait supposées. Cette première bataille est perdue, et nous le payons aujourd’hui d’une relative cécité politique collective face à certaines propositions supposément écologistes, qui devraient en réalité nous effrayer, pour la nature et pour nous-mêmes. Dans les années 70, les multinationales multipliaient les séminaires internationaux où l’on s’inquiétait de ce que les gens devenaient « ingouvernables ». Les temps ont bien changé.



Mais tout est-il perdu ? En 1989, le FBI créait la catégorie « écoterrorisme », une notion déjà largement utilisée dans le monde anglo-saxon depuis les années 70, pour répondre à un durcissement du militantisme écologiste, et notre cher Darmanin a bien montré que la classe dirigeante est prête désormais à la dégainer au moindre petit sabotage, un peu comme la violence déchainée contre la ZAD de Notre-Dame-des-Landes avaient pu être justifiée par de chimériques caches d’armes, qui n’ont bien sûr jamais été trouvées… Sentirait-elle quelque chose venir ? Pourquoi sont-ils aux aguets ?

Rarement en France il n’y a eu autant de travaux – souvent le fait de jeunes chercheurs – si précis, radicaux et engagés, autour des questions écologiques, que ces deux dernières années. En quinze ans, plus largement, le thème de la décroissance est redevenu « sérieux », politiquement et académiquement, après plus de vingt ans de black-out. Et depuis quand n’a-t-on pas vu autant d’occupations de territoires, d’actions directes et symboliques, d’études s’inquiétant de l’éco-anxiété, d’activité associative, de réorientation d’existence vers de nouveaux modes de vie, dont les très médiatiques « bifurqueurs » ne sont qu’une toute petite partie, et sans doute pas la plus représentative ?

Après la sidération de 2020, ces signes marquent-ils le début d’une nouvelle bataille culturelle ? Peut-être, à condition toutefois de faire un réel inventaire des luttes passées pour se sortir des pièges institutionnels, rhétoriques et médiatiques qui attendent tout militant, de brûler les idoles (à commencer par le mythe du rapport Meadows) et de tirer ainsi les enseignements de la bataille que nous avons perdue, au premier rang desquels celui-ci : il est définitivement plus difficile d’orienter notre ordre social vers des fins pour lesquelles il n’est pas fait que de réorganiser notre société en profondeur. Pragmatisme rime désormais avec radicalité.

Cet article a été publié pour la première fois le 24 janvier 2023 dans le quotidien AOC.

Arnaud Milanese

Philosophe, Maître de conférences à l'ENS de Lyon
Mots clés anthropocène

Les 7 sphères de l'anthropocène - Loic Marcé

Nom de la liste Climat

Les 7 sphères de l'anthropocène - Loic Marcé

Description Courte Décrire l’Anthropocène est une tâche extrêmement ardue :
• Par la diversité des phénomènes : liés au changement climatique, à l’effondrement de la biodiversité, aux pollutions et déchets, à l’
épuisement des ressources, etc.
• Par la multiplication des points d’impacts : sous-sols, sols, terres, glaces, océans et cours d’eau, animaux et végétaux,
atmosphère, etc.
• Parce que la Terre est un système complexe : des conséquences peuvent devenir causes d’autres phénomènes, des boucles de
rétroaction positives peuvent créer de l’emballement, plusieurs causes peuvent entraîner une conséquence, plusieurs conséquences
peuvent être entraînées par une cause, etc.
• Parce que la science progresse quotidiennement : chaque jour/semaine de nouvelles études viennent éclairer ou préciser certains
domaines d’analyse. Ce document, majoritairement rédigé en janvier-mars 2021 et actualisé en septembre 2021 tente d’utiliser les
sources les plus actuelles possible et sera complété autant que possible à mesure que de nouvelles analyses nous parviendront.
J’ai fait le choix de présenter les impacts de l’Anthropocène en prolongeant l’allégorie des 7 sphères utilisée par Arthur Keller
dans ses présentations.
Une représentation du lien entre les impacts, ébauche de Fresque de l’Anthropocène, est proposée sous forme de cartographie.
Je ne prétends pas être un expert de tous les sujets traités ici (je doute que quiconque puisse prétendre l’être d’ailleurs). Je me
fonde sur les publications et organismes scientifiques de référence. Je suis bien évidemment ouvert à toute remarque,
clarification, objection et réfutation qui m’aidera à améliorer ce travail.


La source est également disponible sur calibre
Mots clés anthropocène

Manifeste du Tiers Paysage

Nom de la liste Sciences Humaines

Manifeste du Tiers Paysage

Description Courte Manifeste du Tiers Paysage
Gilles Clément
« Fragment indécidé du jardin planétaire, le Tiers paysage est constitué de l'ensemble des lieux délaissés
par l'homme. Ces marges assemblent une diversité biologique qui n'est pas à ce jour repertoriée comme
richesse.
Tiers paysage renvoie à tiers - état (et non à Tiers - monde). Espace n'exprimant ni le pouvoir ni la
soumission au pouvoir.
Il se réfère au pamphlet de Siesyes en 1789 :
« Qu'est - ce que le tiers-état ? - Tout.
Qu'a – t - il fait jusqu'à présent ? - Rien.
Qu'aspire – t – il à devenir ? - Quelque chose. »

Reconnaître ce qui prolifère encore grâce au Feral Atlas : une question de vie et de mort

Nom de la liste Sciences Humaines

Reconnaître ce qui prolifère encore grâce au Feral Atlas : une question de vie et de mort

Description Courte Pour caractériser l’âge de l’anthropocène, le Feral Atlas adopte le point de vue des « plus-qu’humains », à savoir d’entités proliférantes qui débordent du programme des infrastructures issues de la modernité. Cette perspective invite à déplacer nos conceptions de la nature, à décoloniser nos techniques de connaissance et à réévaluer le pays que nous croyons habiter. Perturbant le regard naturaliste, qui suppose un sujet regardant et un objet regardé, par une poétique de la prolifération, une logique de la narration et une esthétique de la surprise, le site internet édité par Anna Tsing actualise le genre de l’atlas. Il n’est plus seulement une vue d’ensemble donnant à penser et sentir le système du monde connu et à connaître. Mais il devient une occasion d’entrainement collectif à représenter les territoires tels que nous les vivons, dans leurs dislocations multiples et avec leurs frontières à défendre. Car pour les Modernes la question n’est rien moins que vitale : il s’agit de réapprendre à s’allier et à proliférer, mais pas avec n’importe qui, pas à tout prix.

Anna Tsing
Présence sur Calibre Oui
Mots clés anthropocène

Histoires de vie et rapport au végétal - Écobiographie en formation

Nom de la liste Transition des Territoires

Histoires de vie et rapport au végétal - Écobiographie en formation

Description Courte

Un article repris de http://journals.openedition.org/ere/9646

Un article repris de la revue Education relative à l’environnement, une publication sous licence CC by nc


Cet ouvrage sur les histoires de vie avec les végétaux propose une méthodologie nouvelle de recherche-formation : l’écobiographie comme mouvement d’intériorisation écoformative, de socio-construction écologique et de cosmogénèse planétaire.

Les écobiographies des différents contributeurs relatent l’histoire de leurs expériences vécues avec la vie végétale. Elles explicitent des liens, des apprentissages, des processus de prises de conscience impliquant un véritable mouvement écoformatif. Les récits sont jalonnés de merveilleux souvenirs de jardins, mais aussi de laborieux travail terre-à-terre et de dures luttes écocitoyennes. Ils font apparaître un humus commun. Mais aussi des cultures extrêmement biodiversifiées pour mettre en formes et en sens ces interdépendances humaines, sociales et végétales, pour construire un monde viable avec ses différents niveaux de vie.

Ce mouvement écoformatif est d’autant plus manifeste en 2021 qu’il a été soumis à une pandémie virale qui a impacté les modes de vie des humains et remis en question leurs rapports à la nature. Ces récits font éclater la vision myope de la vie végétative comme vie inactive. Ils en révèlent au contraire la superactivité concentrée. Ils en révèlent les temporalités spécifiques.
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